A l’issue d’un sommet de deux jours à Saint-Vincent et Grenadines le 10 et 11 mars 2014, les quinze pays membres de la CARICOM ont acté dans un plan en dix points le fait de demander réparations aux nations européennes ayant pratiqué l’esclavage, la traite négrière et la colonisation.
Ces 15 états sont Antigua and Barbuda, The Bahamas, Barbados, Belize, Dominica, Grenada, Guyana, Haiti, Jamaica, Montserrat, Saint Lucia, St. Kitts and Nevis, St. Vincent and the Grenadines, Suriname et Trinidad and Tobago.
Cette annonce a été assumée par l’avocat Martyn Day dans un communiqué du 11 mars 2014 et qui vous est livré en pied d’article. Martyn Day appartient au cabinet britannique Leigh Day et qui portera le trajet juridique de cette demande de réparations voulue par les 15 états membres de la CARICOM. Le Portugal et l’Espagne ne sont pas concernés par ce plan en 10 points, leurs ex-colonies ne faisant pas partie de la CARICOM, pas plus que les Etats Unis d’ailleurs.
Les états européens visés sont la France, le Royaume-Unis et les Pays-Bas auxquels il est demandé outre des excuses publiques et sincères, une annulation de la dette extérieure des états membres de la CARICOM et la mise en place d’un programme de rapatriement à destinations des descendants des 10 millions d’africains déportés qui permettraient à ceux qui le souhaitent de se réétablir dans des conditions dignes dans leurs pays d’origine.
Les 10 points du plan retenus par les 15 états de la CARICOM et que devraient assumer les 3 pays européens concernés sont :
• Excuses complètes et officielles
• Permettre aux descendants de la traite négrière de réintégrer leurs nations d’origine s’ils le souhaitent dans des conditions de parfaite légalité ;
• Mettre en place un programme de développement dédié aux populations natives des caraïbes et qui ont subit un génocide ;
• Mettre en place des institutions culturelles sur les territoires concernés qui permettront aux descendants de l’esclavage d’y être reconnus et aux pays européen d’assumer cette part de l’histoire ;
• Mettre en place les outils nécessaires, scientifique, technologique et économique au traitement de l’hypertension artérielle et du diabète conséquences du stress séculaire vécut par certaines populations ;
• Mettre en place des dispositifs forts pour éradiquer l’illettrisme ;
• Développer un programme qui permette de constituer des ponts entre les descendants d’esclaves et leurs nations d’origine ;
• Obtenir une décision de justice reconnaissant les 4 siècles de servitude pour permettre le processus de réparation, y compris psychologique ;
• Assumer le transfert de technologie à destination des anciennes colonies qui ont été spoliées durant la période esclavagiste et depuis ;
• Assumer la dette extérieure, héritage du colonialisme, que les 15 états concernés ont été contraints de contracter.
Sir Hilary Beckles, président de la commission des réparations de la CARICOM a ainsi annoncé : “La réparation pour l’esclavage et le siècle d’apartheid racial qui a suivi jusque dans les années 1950 s’avère comme une requête légitime aujourd’hui au sein des communautés caribéennes en raison des dommages persistants et des souffrances liées aux crimes contre l’humanité commis sous le colonialisme.”
Si l’on prend la pleine mesure de cette décision de la CARICOM, il sera intéressant de voir avec quelle bonne volonté les trois états européens accueilleront la demande. L’avocat Martyn Day se fait fort d’obtenir pour la CARICOM la mise en place d’une conférence internationale sur le sujet en présence de la France, des Pays Bas et du Royaume Unis.
Sur un autre plan, et si l’on comprend pleinement que la compétence de la CARICOM soit géographiquement circonscrite aux territoires de ses états membres, on devine en trompe l’œil que d’autres territoires de la Caraïbes qui n’ont pas la chance de voir leur propre drapeau flotter aux sommets des fortins pourraient néanmoins vouloir se donner les moyens de profiter de cette porte ouverte courageusement par la CARICOM.
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